"Je suis très contente aujourd'hui de la marche des hommes et des femmes en Tunisie le 10 Mars. J'y participe au moins avec ma voix, j'aurais aimé être présente avec vous.
Biensûr la Tunisie est un pays d'avant-garde surtout en matière des droits des femmes [dans le monde arabe]. Cette marche est pour l'égalité dans l'héritage. Evidemment les femmes doivent être les égales des hommes dans l'héritage. Mais pas seulement l'héritage, dans tous les droits, y compris le nom de famille*.
La femme aujourd'hui participe aux dépenses de la famille. Les hommes dans l'histoire ont eu beaucoup de privilèges à cause de ce rôle de responsabilité de dépense. Mais aujourd'hui la femmes dépense, comme l'homme, dans la plupart des familles. Il faut alors donner l'égalité dans l'héritage. Il faut aussi donner l'égalité dans l'attribution du nom de famille aussi. Je crois qu'il reste encore un seul autre défi pour la Tunisie, c'est l'égalité dans l'attribution du nom de famille. Pour que l'honneur de la mère soit le même que l'honneur du père. Pour qu'il n'y ait plus d'enfants légitimes et d'enfants non légitimes. Tous les enfants sont légitimes, toutes les mères sont dignes, que le père soit connu ou pas.
Ce sont des droits et des principes humains de base. Et évidemment la Tunisie est pionnière dans le monde arabe dans le domaine de la culture, l'éducation, les lois de la famille, elle est devenue avant-gardiste, sincèrement.
Et je crois aussi que la Tunisie s'est débarrassée en grande partie des forces réactionnaires religieuses, et ceci est très important. Elle a commencé à faire de grands pas vers les principes universels humains, comme la justice, l'égalité, la dignité. Tous ces principes universels rassemblent et ne divisent pas. Ce sont les divisions religieuses et idéologiques qui divisent les êtres humains sur la base du sexe, de la race, de la religion...
Je vous salue alors pour vos efforts, et je vous envoie les salutations du peuple égyptien frère, au peuple tunisien frère, et j'espère qu'avec cette marche vous arriverez à réaliser l'égalité dans l'héritage, puis l'égalité dans l'attribution du nom de famille aussi. Et là sera l'égalité.
Et je vous félicite encore une fois.
Nawal Saadawi de l'Egypte. "
* Le nom de famille c'est automatiquement celui du père. Quand c'est une mère célibataire, son fils est inscrit comme "batârd" sur ses papiers officiels. C'est une humiliation pour la femme et l'enfant. Et il faut une procédure judiciaire pour lui donner le nom de sa mère.
https://www.facebook.com/nawalalsaadawiofficial/videos/1631700870238795/
Mercy Fatma Nsoumer
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