jueves, 12 de enero de 2012

Les femmes veulent déffendre leurs acquis

Tunisie : « Les femmes veulent défendre leurs acquis »






La Tunisie est en ébullition. Il y a un an, le président Ben Ali quittait le pouvoir, et les premières élections libres se sont déroulées il y a quelques mois. Plus que jamais, les Tunisiennes se sont battues pour leurs droits et sont bien décidées à poursuivre leur combat. Très active pendant la « révolution de jasmin », l’Association des femmes tunisiennes démocrates vient de recevoir le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes. A cette occasion, nous avons rencontré Ahlem Belhadj, présidente de l’association, et Saida Rached, secrétaire générale.

ELLE.fr : Avec le départ de Ben Ali, le début de la révolution et les élections, quel regard portez-vous sur l’année qui vient de s’écouler ?

Ahlem Belhadj : 2011 a été une année magnifique. Nous avons été débarrassés de Ben Ali, de la dictature…. Nous avons l’espoir de pouvoir bâtir une société égalitaire, un état démocratique. C’est ce que nous voulons, au sein de l’Association des femmes tunisiennes démocrates. Nous avons toujours tout fait pour articuler la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes et la justice sociale.

Saida Rached : Les Tunisiens ont enfin eu leur mot à dire en tant que citoyens et citoyennes. Durant la révolution, il y a eu une très forte participation des femmes, qui ont donc pu faire l’expérience de la citoyenneté égalitaire. La chute de la dictature est pour nous un événement très important. Notre association a été partie prenante de la révolution, en étant présente dans toutes les commissions, comme la Haute Instance, qui a imposé la parité dans les listes électorales, ou l’observatoire des élections.

ELLE.fr : Justement, les femmes ont eu une vraie place lors dernières élections…

Ahlem Belhadj : Les élections ont été l’occasion d’une grande avancée, puisque la parité au sein des listes électorales a été adoptée (le 11 avril 2011, ndlr). Certes, seulement 7% des femmes se présentant ont été têtes de liste, mais leur présence était quand même forte. Après, nous avons été confrontées à un problème : les mentalités n’ont pas toujours accepté cette participation. Parmi les membres de notre association, certaines étaient présentes sur des listes et comme elles portaient le projet d’une société égalitaire, elles ont davantage été exposées à des campagnes diffamatoires.

Saida Rached : Tout le monde n’était pas forcément préparé à la parité, mais cette exigence a véritablement mis la société civile devant un nouveau défi, une nouvelle façon de considérer la politique. Les femmes ont été sur le devant de la scène.

ELLE.fr : Qu’est-ce que la révolution a changé pour votre association ?

Saida Rached : Nous pouvons davantage aller vers les femmes même si le terrain est plutôt difficile. Au temps de la dictature, il y avait un féminisme d’Etat, qui consistait à mettre en vitrine le code du statut personnel des femmes pour montrer à quel point le pays était en avance et accordait une vraie place aux Tunisiennes. Mais l’Etat n’allait pas au fond des choses. Notre association subissait également des pressions, était interdite dans les médias… Puisque nous ne faisions pas partie de la mouvance du « féminisme d’Etat », nous étions d’emblée dans l’opposition.

Par Sophie de Chivré - Le 12/01/2012

Source : http://www.elle.fr/Societe/Les-enquetes/Tunisie-Les-femmes-veulent-defendre-leurs-acquis-1869282

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