En 1923, Hoda Charaoui enlève son voile
Figure du féminisme en Égypte, Hoda Charaoui militait pour l’indépendance de son pays et pour les droits des femmes.
Une autre féministe, Doria Chafic, obtiendra du roi Farouk le droit de vote pour les femmes en 1951.
En Égypte, au début du XXe siècle, les dames appartenant à l’aristocratie et à la bourgeoisie n’ont aucun rôle politique ou social. Après son mariage (conclu entre les deux familles), la jeune femme doit s’occuper de son foyer, de ses enfants, obéir aux diktats de son mari, et sortir voilée pour se rendre en visite. La musulmane Hoda Charaoui, dont le nom en Égypte est synonyme de révolte, refuse alors ce statut de figurante.
Née en 1879 à Minièh (Moyenne-Égypte) dans une famille riche, elle reçoit une excellente éducation, et s’exprime parfaitement en français, la langue de l’élite. Très jeune, elle épouse Charaoui Pacha, un homme politique d’esprit ouvert. Membre du parti Al-Wafd, laïque et libéral, celui-ci consent à l’associer dans la lutte contre la tutelle britannique. Elle ne séparera jamais la cause des femmes de son combat patriotique.
Une lutte à visage découvert
En 1922, la pionnière fonde un mouvement féministe qui connaîtra un grand essor, puis une revue mensuelle, L’Égyptienne . Sa meilleure amie, Céza Nabaraoui, en devient la rédactrice en chef. La même année, elles se rendent à Rome pour assister à un Congrès international féminin. Peu avant d’arriver à Naples, Hoda décide d’ôter son voile, et Céza l’imite. Elles participeront au Congrès le visage nu.
Sur le chemin du retour, en 1923, au large d’Alexandrie, Hoda Charaoui remet son voile. Soudain, elle l’enlève d’un geste brusque. Elle ne trichera pas, et poursuivra sa lutte à visage découvert. Céza Nabaraoui suit son exemple. Au bas de la passerelle, c’est la stupéfaction. Cet acte spectaculaire vaut à Hoda Charaoui une renommée internationale.
Dora Chafic mise en prison par Nasser
En 1947, à l’heure où elle s’éteint à l’âge de 68 ans, la lutte féminine a déjà une nouvelle championne : Doria Chafic. Auteur d’une thèse présentée à la Sorbonne sur La Femme dans l’islam , celle-ci dirige un hebdomadaire de langue arabe qui lutte pour la libération féminine.
Doria Chafic fonde un mouvement politique, Bint El Nil, soit « La Fille du Nil », qui comptera très vite de nombreux membres. En 1951, elle organise une manifestation de 1 500 femmes devant le Parlement, puis pénètre dans l’hémicycle et demande aux députés d’accorder aux femmes leurs droits. Le roi Farouk consent.
La semaine suivante, l’Assemblée confère aux femmes le droit de voter et d’être élues. Arrivé au pouvoir en 1956, Gamal Abdel Nasser instaure le parti unique et met Dora Chafic en prison – elle se suicidera en 1975.
En janvier dernier, de nombreuses femmes ont largement participé à la révolution populaire sur la place Tahrir du Caire.
DENISE AMMOUN, au Caire
Source: La-Croix.com
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